L’horloge florale
de la ville de Westmount

L’histoire d’un aménagement floral particulier du parc Westmount

Par Michael Walsh

18 mai 2023

Horloge florale à Westmount, QC, avec un poème de James C. Steel, vers 1935 • Image : Musée McCord, Domaine public

À une certaine époque, la Ville de Westmount comptait un grand nombre de jardiniers qui travaillaient dans les remises de la municipalité à l’intérieur des huit bâtiments de la serre municipale. Sous la direction d’un surintendant des parcs, des terrains de jeux et de la serre, ils produisaient des expositions florales tout au long de l’année, plantaient une multitude de plates-bandes dans le parc Westmount, faisaient don d’arrangements floraux aux patients de l’hôpital, organisaient une exposition annuelle de chrysanthèmes et entretenaient un Union Jack floral à l’extérieur de l’hôtel de ville.

En fait, dans les années 1950, le parc Westmount avait une apparence tout à fait différente de celle qu’il a aujourd’hui. Outre la myriade d’expositions florales, on y trouvait des terrains de palets, un green, des aires de jeu d’échecs, des terrains de rugby, de football et de cricket. Un grand kiosque à musique accueillait des concerts en soirée qui attiraient des centaines de résidents. Le Victoria Hall offrait des salles de réunion pour les groupes municipaux et les organisations sociales, en plus de nombreux récitals de danse et d’une grande variété de divertissements.

Horloge florale dans les jardins de Princes Street, Édimbourg, Écosse • Image : Wikimedia Commons

Bien que plusieurs de ces attraits uniques de la municipalité aient disparu au fil du temps, l’un d’eux subsiste à l’angle de l’avenue Lansdowne et de la rue Sherbrooke : L’horloge florale de Westmount.

Mesembryanthemum • Image : Etsy

Elle fut inspirée par la visite de l’ancien maire Peter William McLagan au West Princess Street Garden d’Édimbourg. Ce jardin présentait alors une exposition florale contenant des dizaines de milliers de plantes formant une horloge qui affichait l’heure exacte de la journée. (Le mécanisme devait être réactivé tous les jours). À son retour à Westmount, en juillet 1926, McLagan demanda au conseil municipal de réaliser une exposition florale similaire, arguant qu’en dehors d’Édimbourg, de Scarborough et de la Suisse, il n’existait pas d’autre horloge florale au monde.

Une fois le projet approuvé, la tâche de construire l’exposition est confiée à John G. McCreath, surintendant des parcs, des terrains de jeux et des serres. Originaire de l’Écosse, il a été jardinier toute sa vie, à la fois pour la ville de Westmount et de Montréal-Ouest. Il était responsable de l’aménagement des serres et des expositions florales dans le parc de Westmount.

Echeveria elegans • Image : Creative Commons

La deuxième partie du projet, la conception du mécanisme électrique pour actionner les aiguilles de l’horloge, fut confiée au directeur de la ville, G. W. Thompson. Plusieurs options ont été envisagées avant de choisir un moteur Ford Model-T modifié.

Dévoilée en 1927, l’horloge florale de la Ville a connu un succès immédiat, attirant jour et nuit des résidents de toute l’île de Montréal qui venaient admirer cette merveille d’ingéniosité botanique et de technologie.

L’horloge florale mesurait 21 pieds carrés sur une élévation en pente entourée d’une clôture basse. Elle comprenait 10 000 plantes (aujourd’hui, moins de 5 000 sont utilisées), avec une aiguille des minutes de huit pieds et six pouces et une aiguille des heures de six pieds, chacune tenant des centaines de plantes, le tout équilibré à l’aide de deux poids de 100 livres.

Sedum acre • Image : GNU Free License

La bordure extérieure était composée de mesembryanthèmes (roses de soleil), avec au centre de grands alternantheras rouges et des echeverias. Le centre de l’anneau du lit présentait des sedums avec un cercle extérieur d’alternantheras rouges. Au pied de l’horloge se trouvait l’inscription florale Tempus Fugit. L’ensemble était éclairé par un projecteur.

Il est intéressant de noter que l’horloge était considérée comme le signe avant-coureur de l’été, les journaux rapportant chaque année que les jardiniers de la ville consacraient les deux semaines habituelles à l’installation de l’exposition florale. C’était aussi l’attraction touristique la plus courue de Westmount, les passants vérifiant l’exactitude leur montre à l’aide de l’horloge.

En 1964, le Conseil a adopté un plan de réhabilitation du parc de Westmount qui a donné au secteur sa topographie actuelle. Les travaux ont été confiés au cabinet d’architectes paysagistes américain McFadzean, Everly & Associates (concepteurs des parcs Angrignon et Saint-Émile ainsi que du Jardin des merveilles du parc Lafontaine), qui a recommandé de déplacer l’horloge florale vers l’est, face à l’avenue Mount-Stephan, ce qui permettrait de réaménager les zones du Victoria Hall et du centre commercial de la bibliothèque en y aménageant une grande roseraie. Le nouvel emplacement de l’horloge devrait être partagé avec un bassin de réflexion et un jardin à la française.

Alternanthera Little Ruby • Image : LSU College of Agriculture

Heureusement (ou malheureusement), cette partie du plan n’a pas abouti. Franchement, le terme « centre commercial » implique une grande empreinte de béton couplée à une perte d’espace vert.

Aujourd’hui, alors qu’elle n’est plus une attraction touristique majeure, l’horloge ornée de 5 000 plantes chaque été affiche consciencieusement l’heure comme elle l’a fait pendant près d’un siècle, témoignant de l’approche visionnaire et de l’ingéniosité des premiers dirigeants de la ville.

Carte postale de l’horloge florale de Westmount vers 1927

Carte postale de l’horloge florale de Westmount vers 1930

Carte postale de l’horloge florale de Westmount vers 1930

Carte postale de l’horloge florale de Westmount vers 1940

Horloge florale de Westmount, 1947 • Image : Conrad Poirier, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Horloge florale de Westmount vers 1960

Images : Michael Walsh, sauf indication contraire

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