La nouvelle édition de
Passages Insolites

Neuf installations qui questionnent notre rapport au monde et à l’espace urbain

Via v2com

6 septembre 2017

Pour une quatrième édition, Passages Insolites est de retour dans la ville de Québec jusqu’au 15 octobre. Développé par EXMURO, sous la direction artistique de Vincent Roy, Passages Insolites 2017 sort des sentiers battus pour engendrer de l’inédit et du surprenant. Neuf artistes et collectifs en architecture ont réinventé et exploré l’idée de passage ou le concept d’insolite. Une façon originale de vivre la ville!

Imposteur

Les Malcommodes (Québec)

La Batterie Royale faisait initialement front au Saint-Laurent. Construite à la fin du 17e siècle, la fortification avait pour but de protéger le territoire et ses ressources contre toute invasion. Toutefois, au fil des années, la structure a disparu du paysage riverain de Québec. Alors désuète et complètement délaissée, elle se détériora et fut enfouie sous de successives couches de bitume. En 1977, la fortification fut entièrement déterrée et reconstituée.

Imposteur cherche à questionner le détournement des lieux historiques en créant un passage trompeur dans la structure de la Batterie. Alors que deux constructions se rencontrent à même ce lieu autrefois infranchissable, le projet évoque la mise en scène et l’illusion de même que la reconstitution parfois factice des bâtiments d’hier.

Quand les avions en papier ne partent plus au vent

Atelier MAP (Montréal/Vancouver)

L’œuvre évoque le dur passage entre l’enfance et la vie adulte. L’avion, symbole de légèreté et de rêves, a connu un atterrissage difficile. Le design de l’appareil (couleur blanche et arêtes noires) est une référence au monde de la bande dessinée, univers d’évasion, de jeu et de personnages fantastiques propres à l’enfance.

Cube spatial

Marie-Eve Martel (Blainville)

Un vaisseau-temple s’est posé… Depuis longtemps associé à l’imaginaire du sacré, au mysticisme et au monde mathématique, le cube revêt un caractère fascinant et mystérieux. Dans plusieurs cultures, il symbolise la stabilité et le divin par sa perfection. C’est aussi l’emblème du monde « créé » – par opposition au monde « naturel » – un outil d’organisation, de rationalisation spatiale.

En jouant sur les iconographies et symboliques du cube, Cube spatial invite à découvrir un monde imaginaire caché à l’intérieur des parois du Cube spatial, à la fois miroir et translucide. Niché dans l’hexaèdre, un système symbiote se déploie, à mi-chemin entre l’organique et le géométrique. Depuis les quatre œils magiques du Cube spatial, une ville hybride se laisse découvrir en entier, reflétant à la fois partiellement le monde extérieur et démultipliant son propre reflet de l’intérieur.

TTTourner

Robert Hengeveld (Toronto)

Un arbre surgit d’un pavé de granite, quelque part sur le trottoir du Vieux-Québec. Voir des mauvaises herbes jaillir d’entre les fentes du paysage urbain n’est pas inhabituel. En l’absence de maintenance, des pousses de végétation apparaissent très rapidement. Ce qui rend ce cas différent est que cette herbe sauvage est désormais un arbre de 4 mètres de haut. Cette apparition est assez étrange pour mériter un second coup d’œil. C’est alors que l’on réalise que l’arbre est en train de tourner!

Les rotations chorégraphiées prennent sporadiquement des pauses, comme si l’arbre souhaitait redevenir fidèle à ses semblables enracinés. TTTourner déjoue tranquillement la compréhension rationnelle du monde, poussant le visiteur à apprivoiser la tension entre les idées préconçues et la réalité.

Ordures célestes

Collectif Allard-Duchesneau (Montréal)

Le collectif cherche à détourner l’objet de sa signification première en l’utilisant comme matériau produisant des formes nouvelles et inusitées. L’objet se voit dévié de son sens au propre comme au figuré : non seulement le conteneur ne peut-il plus contenir, mais son intérieur à l’origine opaque se révèle brillant. Son fond perforé, duquel se déversent des chaînettes dorées, telles des nouilles collées au fond d’un chaudron, laisse circuler la lumière et attire le regard. Le passant se fait doucement balayer le visage par celles-ci en parcourant l’espace. Les repères s’en voient subtilement changés. Cette magnification de l’opprobre l’engage dans un exercice de contemplation : l’opposition insolite du laid et du beau invite à s’interroger sur les préconceptions esthétiques et sur le sens que portent les objets de l’espace urbain.

10 sur l’échelle de Beaufort

Carole Baillargeon (Deschambault)

Des conditions de navigation par grands vents sont suggérées par des cylindres, la forme d’une embarcation et des cordages. À l’oblique, ce sont des mâts de bateau qui forment un orgue éolien mis en vibration par le vent. Un volume ouvert évoque un bateau positionné pour rappeler la gîte, une inclinaison latérale de l’embarcation soumise au vent et à l’eau. Au sol, un enchevêtrement de cordages de chanvre et de nylon exprime le tumulte des vagues et la rencontre de matières, de savoir-faire du passé et du présent.

Au final, trois scènes superposées, sans rapport d’échelle commune, soulignent la confrontation des éléments de la nature et des activités navales, forces parfois alliées, parfois rivales.

L’œuvre a été inaugurée à partir du 19 juillet et s’est animée avec les performances de Danse K par K, chorégraphiées par Karine Ledoyen, dans le cadre de RDV 2017.

Sortir son ballon

Sculptosaurus (Québec/Montréal)

Amalgamant deux emblèmes notoires de la mobilité, soit la tente-roulotte et le ballon dirigeable, Sortir son ballon consiste en une représentation à grande échelle d’un véhicule habitable hybride et inusité. Compacte, récréative et contemporaine, la tente-roulotte est ici tronquée puis confrontée au gigantisme et à l’archaïsme du zeppelin, cet engin qui a le pouvoir de rappeler certains événements catastrophiques. Non sans humour, les thématiques du voyage et de la migration sont abordées dans ce bricolage improbable qui se joue des proportions, ironise la notion de progrès et nous fait basculer dans la fiction.

 

 

Passage Migratoire #2

Giorgia Volpe (Québec)

Passage Migratoire #2 est une relecture de l’œuvre présentée lors des Passages Insolites en 2016. Elle évoque le passé et le présent par l’idée de la migration et son influence sur la formation de notre société et la métamorphose de notre territoire. L’installation suggère également la vulnérabilité et la résistance des espèces, humaine et animales, qui vivent cette réalité migratoire ou de transhumance. Les canots tressés, comme en état de lévitation, s’approchent de la berge en dessinant dans l’espace un étrange mouvement, telle une procession. L’œuvre rend hommage au folklore québécois, à la croyance des marins et à l’héritage du savoir-faire des Premières Nations, dans un lieu d’échange où autrefois cohabitaient toutes ces communautés.

Blitz!

Un collectif d’architectes de Montpellier (France) sera jumelé avec deux artistes de Québec. Ils auront le mandat de créer, dans un court laps de temps, une œuvre éphémère. Les créateurs auront une semaine pour échanger, concevoir et installer leur œuvre dans un lieu prédéterminé. Tel un évènement dans un évènement, le projet Blitz! se déploiera du 8 au 24 septembre 2017. Blitz! est un projet d’échange soutenu par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et Consulat général de France de Québec, dans le cadre de la Commission permanente de coopération franco-québécoise. Les participants sont l’AtelierVecteur (Ugo Elzière, Coline Giardi et Thomas Dalby – Montpellier), Karole Biron et José Luis Torres (Québec). En 2018, l’expérience se répétera et les artistes québécois iront en France dans le cadre du Festival des Architectures Vives de Montpellier.

À propos d’EXMURO

Fondé en 2007, EXMURO arts publics a pour mandat la diffusion et la promotion de projets artistiques pluridisciplinaires dans l’espace public urbain. L’organisme dynamise le paysage de la ville de Québec depuis maintenant dix ans, par de nombreux projets, notamment Passages Insolites, Humanorium – l’étrange fête foraine et La Palissade – L’expo du siècle. Pour plus d’informations sur les projets d’EXMURO, visitez exmuro.com

Images : Stéphane Bourgeois

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